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Politique-fiction : ce qu’un loyaliste lucide aurait dû dire devant le C24

Exercice de politique-fiction – Sirius

Chaque année, le Comité spécial de décolonisation de l’ONU (C24) entend les représentants indépendantistes de la Nouvelle-Calédonie exposer leur vision de l’histoire, du droit et du destin du pays. Les loyalistes, eux, ont longtemps brillé par leur absence et, désormais,  par leur impréparation.

Cet article imagine ce qu’un porte-parole républicain, informé des réalités locales et porteur de la Double Reconnaissance, aurait pu déclarer à Dili, devant les instances internationales. Ni soumission ni surplomb : une ligne claire, exigeante, qui assume à la fois la vérité du passé et la complexité du futur.

Dili, mai 2025

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres du Comité,

Permettez-moi de prendre la parole non au nom d’un gouvernement, d’un parti ou d’une ethnie, mais au nom d’une communauté historique de Nouvelle-Calédonie que l’on entend peu ici : celle qui, tout en se reconnaissant pleinement dans les valeurs de la République française, aspire à un pacte de paix durable avec le peuple premier de cette terre, les Kanak.

Je suis loyaliste. Mais je ne suis pas aveugle. Le loyalisme que je représente n’est pas celui du mépris, de l’évitement ou du statu quo. C’est un loyalisme de vérité, de dignité réciproque, et de lucide responsabilité. C’est un loyalisme qui reconnaît que le temps des dénis est révolu. Que l’histoire ne peut être écrite à moitié. Et que pour que la paix soit légitime, elle doit reposer sur une double reconnaissance.

Oui, la Kanaky existe. Oui, la Calédonie Française existe. Et aucune des deux ne disparaîtra.

Depuis quarante ans, notre territoire cherche à résoudre une équation impossible : décoloniser sans détruire, réconcilier sans confondre, partager sans diluer. Les Accords successifs ont permis la paix. Mais ils n’ont pas construit le cadre définitif de la cohabitation politique. Car nous avons posé la mauvaise question : « faut-il choisir entre Kanaky et France ? »

La Double Reconnaissance, que je suis venu porter devant vous, propose une autre voie. Celle de la maturité.

Elle reconnaît solennellement la Kanaky comme peuple-nation souverain sans État. Elle reconnaît symétriquement la Calédonie Française comme composante légitime et historique de la République. Elle organise, avec l’encadrement de l’État français, un accord institutionnel à deux niveaux, sans superposition bureaucratique, mais avec deux responsabilités politiques claires. Et elle verrouille cet équilibre par un traité international, sous garantie républicaine.

Ce que je dis ici, c’est que le processus de décolonisation doit être refondé. Non pas au nom d’une rupture violente, mais au nom d’un respect véritable des deux vérités de ce pays. Le C24 n’a pas à choisir entre elles. Il a à permettre qu’elles coexistent dans un cadre reconnu, pacifié, durable.

Je vous appelle donc à reconnaître le principe d’un double accord : l’un entre les deux entités calédoniennes ; l’autre entre chacune d’elles et l’État. Et à soutenir l’inscription de cet accord dans le droit international.

Le colonialisme, ce n’est pas seulement l’imposition d’une volonté. C’est aussi l’incapacité à reconnaître deux histoires en une même terre.

Nous, les enfants de la Calédonie Française, demandons que notre appartenance soit reconnue, au même titre que celle des enfants de Kanaky.

Car ce pays n’aura de paix que dans la vérité partagée.

Je vous remercie.

 

Le manifeste complet de la Double Reconnaissance, qui articule cette vision en six chapitres, est accessible ici :  lire le Manifeste.

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