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Malheur au pays gouverné par un enfant

Ils étaient 50, installés au Sheraton, à Bourail. Délégués, négociateurs, communicants, ministres, accompagnateurs, tous convoqués dans un luxe feutré pour ce qu’on appela sans rire un « conclave ». Trois jours de repas, de discours mous, de selfies studieux, de bavardages sans courage. Et puis le néant. Rien. Aucune fumée blanche. Juste un doigt tendu vers le ciel, comme l’a si justement résumé un humoriste bien connu des réseaux calédoniens.

Car oui, le peuple pensant a compris. Il a reçu le message, net et clair : cette conférence n’était pas une tentative de paix, c’était une mise en scène. Une opération d’image. Une extension de CV pour un homme cramé, venu chercher dans nos douleurs l’occasion de rejouer la carte du sauveur.

Manuel Valls n’est pas venu bâtir un accord. Il est venu barbotter dans le bénitier, avec des éléments de langage volés à l’Église : « destin commun », « paix des cœurs », « partage de mémoire »… De la liturgie sans sacré, des mots creux répétés comme des mantras, en espérant que la forme ferait oublier l’absence totale de fond.

Mais voilà : le fond, justement, est un abîme.

  1. Il n’y a pas d’accord. Aucun texte. Aucun consensus. Aucun calendrier. Aucune dynamique. Juste une formule vide : « compromis ». Un mot pour masquer le vide. Valls tente de sauver les apparences, mais chacun sait : tout a échoué.
  2. Le FLNKS a gardé la main. Ils n’ont rien signé, rien cédé, rien abandonné. Ils préparent leur propre texte. Ils savent que la force symbolique est de leur côté. Le silence, la patience, la verticalité. C’est la tactique des anciens.
  3. Les Loyalistes sont en lambeaux : ça boude, ça digère mal, ça bricole, ça attend. Une délégation fracturée, divisée, sans vision commune. Trop prudents pour claquer la porte, trop faibles pour imposer un cap. Ils sont là, parce qu’ils ne savent plus où aller.
  4. Valls a essayé de faire passer un État associé sans dire le mot. Il a maquillé l’indépendance dans des termes de partenariat. Mais tout le monde a compris. La ficelle était énorme. Il l’admet presque, à demi-mots lors de la conférence de presse : « peut-être avons-nous été trop clairs ». Quelle lucidité involontaire.
  5. La vérité, c’est que Valls prépare 2027. Il veut cocher la case « Nouvelle-Calédonie » dans sa campagne morte-née. Il est venu jouer à la paix comme d’autres font des photos de mode. Il dira qu’il a réuni tout le monde et que c’était grâce à lui. En bon socialiste, le résultat n’est rien, la procédure suffit. Mais le peuple a vu. Et il se souviendra.
  6. L’État n’a plus d’emprise. Tout est suspendu, gelé, vidé de sa substance. L’architecture juridique est un fantôme. Les institutions de l’ADN sont prolongées illégalement. Le corps électoral reste figé. Et personne ne sait quoi faire. Alors on meuble. On meuble le vide. On récite le rituel.
  7. Le pire ? Ce sont les naïfs. Ceux qui espéraient encore. Qui se sont déplacés croyant à une issue. Qui pensent que le mot « conclave » veut encore dire quelque chose dans la bouche d’un athée. Mais leur naïveté confine à la candeur. Et si ce n’en est pas, c’est pire encore : c’est de la lâcheté. La lâcheté de ceux qui préfèrent fuir les décisions douloureuses. Qui préfèrent la douce attente à l’engagement clair. Qui ne savent plus trancher, choisir, assumer.

Voilà où nous en sommes.

Un homme a échoué. Une classe politique est nue. Et le peuple pensant, encore une fois, voit plus loin que ceux qui prétendent le diriger.

Il est temps de parler net : la Double Reconnaissance n’est pas une opinion de plus. C’est un cadre fondateur. Ni statu quo, ni rupture, elle propose une voie juste, lucide, viable. Une troisième voie véritable — parce qu’elle est fondée, transmise, acceptée.

Les enfants en sont encore à jouer à la politique. Les adultes montrent déjà la voie de la sortie.

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