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Le peuple pensant face aux enfants du confort

Il existe des moments où la lucidité ne console pas. Où l’intelligence seule ne suffit plus. Où les mots les plus justes ne percent plus le vacarme des mensonges accumulés. Car ce que nous affrontons désormais, en Nouvelle-Calédonie comme en France, n’est pas simplement une crise politique, un effondrement institutionnel ou un désordre économique. C’est le point terminal d’un mensonge civilisationnel. Celui d’une génération qui a préféré le confort à la transmission, l’émotion à la vérité, et le mensonge au réel.

On ne ment pas à ceux qu’on aime. Une mère ne ment pas à son enfant sans en payer, un jour, le prix. Un boulanger ne triche pas avec la farine sans voir fuir ses clients. Un ami ne peut trahir sans perdre la confiance de ses proches. Car toute parole contracte une dette. Et tout mensonge engage, tôt ou tard, un remboursement. Une grande partie de la génération de mai 68 a voulu croire qu’elle échapperait à cette loi immémoriale. Elle a dissous la transcendance, moqué les limites, remplacé la responsabilité par la posture, et l’autorité par l’indignation. Le résultat est là : une parole publique vidée de son crédit. Un pouvoir incapable de dire vrai. Et une société livrée à la violence, à la fatigue, à l’effondrement.

Manuel Valls incarne cette dérive. Non par malveillance, mais par épuisement. Il peut aujourd’hui prononcer des phrases absurdes — « concilier l’inconciliable », « achever la décolonisation dans la République », « réussir à mélanger l’eau et l’huile » — parce qu’il n’a plus de frein. Il a brûlé depuis longtemps tous les étages de la vérité. Sa parole, comme celle de beaucoup d’autres, flotte désormais sans attache, sans dette, sans corps. Elle n’engage rien, ne tient à rien, ne repose sur rien.

Elle s’adresse à une foule supposée oublieuse, docile, soumise. Mais cette foule n’existe plus.

Il reste un peuple. Un peuple qui pense. Un peuple qui doute, qui observe, qui attend. Un peuple qui ne cherche ni la revanche ni la domination, mais simplement une issue qui ne soit pas une fuite. Ce peuple-là sait que la vérité ne fait pas de bruit. Qu’elle n’est ni slogan, ni programme, ni négociation. Elle est un fil ténu, qui traverse les années, les insurrections, les deuils. Elle se reconnaît à sa simplicité : elle ne promet rien qu’elle ne puisse tenir.

Les enfants du confort ont dirigé trop longtemps. Ils n’ont pas de legs. Ils n’ont pas de limite.

Ils sont, littéralement, des enfants : irresponsables, amnésiques, oublieux du prix des choses. Ils gouvernent comme on joue. Ils signent comme on gribouille. Ils promettent comme on s’excuse. Et lorsque la réalité revient — lorsqu’un créancier se réveille, lorsqu’un système s’effondre, lorsqu’un peuple refuse de se soumettre — ils s’étonnent, balbutient, s’indignent.

Ils n’ont pas les mots, car ils n’ont plus le sens.

Alors surgit une nécessité : penser, non pour s’opposer, mais pour reconnaître. Penser, non pour accuser, mais pour sortir. Penser, non comme une posture, mais comme une fidélité. C’est cela, désormais, la mission du peuple pensant : relever les ruines, dire la vérité, nommer les enfants du confort — et leur reprendre doucement la direction des choses.

Le chemin est étroit. Mais il est là. Il commence par un mot. Un geste. Un texte. Et il se transmet. De proche en proche. De case en case. De silence en silence.

Il ne sera pas imposé. Il ne sera pas majoritaire. Il sera fondé.

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