Nouvelle-Calédonie, ou la chute d’un quotidien né de la Libération dans les bras du relativisme postcolonial.
Deux articles, deux poids, deux hontes
En une semaine, Le Monde a publié deux articles sur la Nouvelle-Calédonie. L’un, le 24 avril 2025, sur les loyalistes. L’autre, le 29 avril, sur le FLNKS. Le contraste est accablant.
Le FLNKS y est présenté comme un acteur politique mesuré, responsable, stratège. Le ton est feutré, valorisant : « à pas prudent », « volonté de dialogue », « condition posée ». Aucune allusion aux menaces, au boycott du référendum de 2021, ni à l’insurrection de mai 2024.
En revanche, quelques jours plus tôt, les loyalistes avaient eu droit à un traitement quasi psychiatrique. Titre : « le durcissement ». Encadré « troubles psychiques sur le Caillou ». Comme si l’opposition à l’indépendance était un symptôme pathologique. Les uns sont des partenaires de paix. Les autres, des patients de la crise.
Il ne s’agit plus de journalisme. Il s’agit d’une ligne. Le Monde regarde les loyalistes calédoniens comme naguère l’URSS regardait les dissidents tchèques : avec gêne, mépris et condescendance.
Le Monde : anatomie d’une déchéance
Fondé le 18 décembre 1944 par Hubert Beuve-Méry à la demande de de Gaulle, Le Monde devait être l’organe d’une presse libre, exigeante, républicaine.
Il le fut longtemps.
Mais peu à peu, sous couvert de rigueur, le journal s’est mis au service d’une caste : celle des hauts fonctionnaires, des ONG, de la morale bobo, des bureaux du Quai d’Orsay. Racheté par le trio Niel – Pigasse – Bergé, Le Monde est devenu le porte-voix d’un mélange de start-up nation, de diplomatie molle et d’universalisme à géométrie variable.
Exemples : traitement à charge de Zemmour, lecture unique de la crise ukrainienne, wokisme traité comme une pensée dominante, COVID analysé par la peur, invisibilisation des classes populaires. Le Monde ne lit plus le réel, il le filtre.
Le Monde contre le peuple : le cas calédonien
En Nouvelle-Calédonie, Le Monde parle au Quai d’Orsay, pas à Koné. Il cite les chefs FLNKS, ignore les maires calédoniens. Il psychologise les loyalistes, fétichise les coutumiers. Il lit le pays avec les lunettes de Terra Nova.
Or ce pays, depuis 1987, a voté à 4 reprises contre l’indépendance. Mais cela, Le Monde ne veut pas l’entendre. Il préfère parler de « tensions », de « mémoires douloureuses » et de « troubles collectifs ».
Quand le peuple vote, Le Monde psychanalyse. Quand le peuple résiste, Le Monde décrète un déni.
Le Monde pense décoloniser le réel. En vérité, il recolonise les consciences.
Le Monde ne sait plus lire le monde
C’est ça le drame. Ce n’est pas qu’il nous combatte. C’est qu’il ne nous comprenne plus. Il s’écroule dans l’autosuffisance molle d’une oligarchie intellectuelle qui croit encore éclairer la marche du siècle.
Mais ici, en Calédonie Française, ce pouvoir-là ne fait plus peur. Il fait pitié.
Pour finir, une dernière salve. De Gaulle, en janvier 1963 à Alain Peyrefitte :
« Le Figaro et L’Immonde me soutiendraient ? Ce serait une catastrophe nationale ! »