Commençons par le picrocholin.
Il n’y a pas de complot. Il y a des chiffres. Et parfois, les chiffres crient plus fort que les slogans.
C’est ce qui est en train de se produire sous nos yeux : un basculement lent, longtemps camouflé, et aujourd’hui de moins en moins négociable. La France ne peut plus cacher la vérité budgétaire de son modèle social. Et cette vérité, elle tient en une infographie, présentée le 14 mai 2025 par Emmanuel Macron lui-même.
Sur 1 000 euros de dépenses publiques, 561 euros sont dévolus à la protection sociale, dont 253 euros pour les retraites.
Mais ce n’est qu’un début. Car cette même infographie masque une mécanique plus redoutable encore : la surreprésentation des retraités dans toutes les lignes budgétaires où ils n’apparaissent pas directement.
- La santé (201 €) ? Près de 70 % des dépenses de l’Assurance Maladie concernent des retraités.
- La dette (31 €) ? Près de la moitié de l’emprunt public depuis 2017 (450 milliards sur 1 000 selon F. Lenglet) a permis de financer des pensions inchangées.
- L’éducation nationale ? 30 % de son budget est absorbé par des surcotisations retraites, qui ne financent pas l’école mais l’équilibre des pensions des enseignants retraités.
En réalité, les retraites ne coûtent pas 253 € sur 1 000, mais probablement entre 400 et 500 euros toutes lignes confondues.
2. La preuve par la fiche de paie
Depuis quelques mois, un document se propage sur les réseaux sociaux. Il ne vient pas d’un pamphlet ni d’un complotiste. C’est une fiche de paie officielle d’un professeur des écoles, datée de décembre 2020.
Le professeur touche 2 039 euros brut. Mais 1 514 euros sont prélevés pour sa seule cotisation retraite employeur. Soit un taux d’appel de 74,28 %, contre 16 % dans le privé. Une absurdité comptable, un artifice budgétaire, qui permet de flécher des milliards vers des caisses de retraite chroniquement déficitaires sans les inscrire comme subventions.
L’administration centrale gonfle artificiellement les cotisations retraites versées pour les enseignants afin de transférer des fonds vers les retraités actuels, sans inscrire cela comme une subvention : c’est un habillage comptable qui masque un transfert générationnel forcé.
C’est de la tuyauterie. Mais c’est aussi une opacité. Et donc une spoliation.
3. Le pacte invisible
Il faut être lucide. Ce système n’est pas absurde. Il est défensif.
Il vise à protéger une classe d’âge (les Boomers et leurs cohortes), qui a cotisé moins, moins longtemps, et percevra plus longtemps que toutes les autres générations. Ils sont les gagnants absolus d’une pyramide de Ponzi assumée, où les nouveaux entrants financent les sorties sans espoir d’équivalence.
Pour faire tenir ce pacte, il faut un mécanisme d’évitement du réel.
- Médias achetés : 5 milliards pour France TV, Radio France, CNC, agences.
- Gouvernance pléthorique : 5 milliards pour le Sénat, l’Assemblée et leurs affidés ; au moins 50 pour l’exécutif (Elysée, cabinets, administrations, 1 200 agences d’Etat, etc).
Ce que cela permet ? Maintenir l’illusion de l’universalisme social, et repousser le moment où il faudra dire : ce modèle est mort.
4. Le grand jeu de dupes
La démographie n’est pas une opinion. Ni la biologie.
Ce que les chiffres révèlent aujourd’hui, le peuple pensant l’avait senti hier. Il ne s’agit plus d’opposer des classes sociales ou des professions. Il s’agit d’un clivage générationnel brutal :
- Les anciens touchent.
- Les actifs cotisent.
- Les jeunes fuient.
Et l’on appelle ça la justice sociale.
5. Le même ailleurs ?
Nouvelle-Calédonie, Amérique, Chine, Europe : même système. Ce sont toujours des rentes invisibles que des classes dominantes captent sans en assumer le coût politique. Quand la rente n’est plus soutenable, c’est la paix sociale qui devient volatile.
6. Et maintenant ?
Alors que faire ? D’abord comprendre. Ensuite, nommer. Enfin, construire autre chose.
Il ne s’agit pas de détruire. Il s’agit de dire la vérité calmement.
Un modèle touche à sa fin. Ce n’est pas un crime. Mais persister à le cacher, ça, ça le devient.