Skip to content Skip to footer

Décryptage Sirius : « Tukumuli et l’évitement comme destin politique »

Prétexte : Intervention de Milakulo Tukumuli, président de l’Éveil Océanien, au journal télévisé de NC La 1ère le 1er juin 2025

Il y a des leaders de combat, de doctrine, de clarté. Et il y a Tukumuli.

Il ne promet pas l’indépendance. Il ne défend pas la France. Il ne croit ni au destin ni à l’ordre. Il croit au temps.

Milakulo Tukumuli n’a pas de totem. Il est le produit parfait d’un entre-deux. Et c’est cette mollesse historique qu’il tente aujourd’hui de théoriser en “politique de la maturité”. Il ne tranche pas, il repousse. Il ne choisit pas, il temporise. Il ne gouverne pas, il amortit.

Mais derrière cette posture d’arbitre, un choix bien réel est fait : celui de flatter les élites fragiles, les enfants du système, ceux qui fuient la clarté car elle les effraie. Dans une Calédonie où la peur a remplacé le rêve, Tukumuli offre une sortie de secours mentale : celle de l’évitement. Un répit. Un report. Un silence étiré.

Son projet n’en est pas un. C’est un calendrier. Quinze ans de plus. Trente, quarante, pourquoi pas cinquante ? Et au bout du compte, un référendum sur deux formes de souveraineté que personne ne comprend mais que tout le monde pourra projeter comme il veut. À chacun sa Kanaky, à chacun sa France.

Tukumuli n’est ni un stratège ni un prophète. C’est un symptôme. Il parle le langage d’une partie conséquente du pays : celle qui ne veut plus souffrir, plus penser, plus choisir. Il sait que ce pays-là n’a plus foi ni en la rupture ni au redressement. Alors il propose la tièdeur.

Il parle bas, arrondit les angles, épouse les silences – et dans la confusion générale, certains voient en lui une forme d’intelligence. C’est une illusion fréquente dans les sociétés fatiguées : on confond la prudence avec la hauteur, l’évitement avec la paix.

Tukumuli ne dit rien de neuf. Il ne veut rien décider. Il attend que le vent tourne, que les puissants lui glissent un plan tout fait, pour se glisser dedans. Cela ressemble à de la sagesse – mais ce n’est que de la disponibilité. Ou de l’opportunisme ? 

Il veut rassurer les siens, ne froisser personne, sourire à tous. Il parle d’unité mais fuit le conflit. Il se prétend non indépendantiste mais ne dit jamais « non ». Il se dit modéré mais ne tranche jamais. Or, il ne tranche pas parce qu’il ne porte rien – sinon lui-même.

Et dans une Calédonie lasse, tremblante, communautarisée jusqu’à l’os, cette posture peut séduire. Il incarne cette moitié d’élite locale, nourrie au consensus creux et à l’argent public, qui préfère l’ambiguïté à la division, le compromis au courage – même si cela mène au naufrage.

Les jeunes électeurs métis, les agents publics d’en bas, les héritiers confus d’une colonie sans récit, les Wallisiens et les Polynésiens loyaux mais frustrés : tous pourraient voir en lui un paratonnerre. C’est cela son capital. Il absorbe les tensions. Mais il n’en fait rien.

Son message est limpide : « Ce pays n’est pas prêt. Repassez plus tard. »

Ainsi, il ne refuse pas la souveraineté. Il ne réclame pas la République. Il attend. Il glisse. Il sourit. Et chaque fois qu’un Kanak, qu’un métis ou un Caldoche veut entendre quelque chose de vrai, il leur donne du flou, emballé dans une phrase sur la paix, le vivre-ensemble ou « le chemin ».

En clair :

Tukumuli ne veut pas gouverner, il veut être utile à ceux qui gouverneront. Ainsi, pour eux, et uniquement pour eux, il est le candidat parfait. 

This Pop-up Is Included in the Theme
Best Choice for Creatives
Purchase Now